Absinthe

Oct 22, 2024

Artemisia absinthium (Astéracées)

On l’appelle aussi Absinthe commune, Aluine, Armoise absinthe, Armoise amère, Grande absinthe, Herbe aux vers ou Herbe sainte.

Originaire des régions tempérées d’Eurasie, l’absinthe s’est naturalisée sur d’autres continents, notamment en Amérique du Nord où elle est cultivée et vendue comme plante ornementale. À l’état sauvage, on la trouve généralement autour des lieux habités, dans les milieux bien drainés et ensoleillés. Elle se contente de sols pauvres et pousse très bien dans les milieux perturbés par l’homme comme les friches, les terrains vagues, les champs ou le bord de chemins.

Identification

Cette section présente les traits généraux de la plante, mais ne permet en aucun cas son identification par un néophyte. Si vous ne connaissez pas la plante, ne vous fiez pas à cette description pour la cueillir et risquer de vous empoisonner.

L’absinthe peut atteindre un mètre de hauteur et former des buissons aux reflets argentés, reconnaissables de loin. Les tiges, ligneuses à la base, portent des feuilles divisées en nombreux segments étroits. Glauques sur leur face supérieure, elles sont recouvertes d’un duvet blanchâtre en dessous. Le feuillage libère un parfum mentholé caractéristique lorsqu’il est froissé entre les doigts. L’absinthe fleurit vers le milieu de l’été en produisant à l’extrémité des tiges, des panicules (des grappes de grappes) de minuscules fleurs jaunâtres condensées en capitules globuleux de 2 à 4 mm de diamètre.

Utilisation

On utilise les feuilles et les sommités fleuries qui sont acaricides, antispasmodiques (intestins et vésicule biliaire), apéritives, cholérétiques, digestives, emménagogues, fébrifuges, toniques et vermifuges.

L’absinthe sert aussi à la fabrication d’un spiritueux qui porte son nom. Il est composé d'un mélange de plantes dont l'ingrédient principal est l'absinthe, mais qui contient également en plus faible proportion de la petite absinthe (Artemisia pontica), de l’anis vert (Pimpinella anisum), du fenouil (Foeniculum vulgare), de la mélisse (Melissa officinalis) et de l’hysope (Hyssopus officinalis). Il est obtenu soit par la distillation du mélange de ces plantes dans l’alcool, soit par l’assemblage et la dissolution dans l’alcool des huiles essentielles extraites individuellement de ces plantes, soit par leur pressage après macération dans l’alcool.

L’absinthe, aussi appelée Fée verte ou Fée bleue, a connu son heure de gloire à la fin du XIXᵉ siècle, puis sa production et sa vente ont été interdites au début du XXᵉ siècle (1908 en Suisse, 1915 en France). On rendait sa consommation, responsable de l’absinthisme, une dépendance conduisant à une intoxication grave qui se manifestait par divers troubles neurologiques, notamment des hallucinations et des convulsions. Depuis, la science a démontré que les constituants mis en cause dans cette intoxication n’étaient pas présents en quantité suffisante pour provoquer des problèmes de santé chez les personnes qui faisaient un usage raisonnable de l’absinthe. On pense aujourd’hui que ces intoxications ont pu être causées par une consommation excessive ou prolongée de liqueurs avec un titre excessif en alcool (jusqu’à 90°), ou par la présence de quantités non négligeables de méthanol dont les effets neurotoxiques s’ajoutent à ceux de la thuyone. Toujours est-il que depuis les années 2000, la production et la commercialisation de l’absinthe sont à nouveau autorisées en Europe à condition que les teneurs en thuyone ne dépassent pas 35 mg/l.

Le rituel de l’absinthe

Traditionnellement, on utilise un verre à absinthe dont la base en forme d’ampoule permet de doser la quantité du spiritueux. On pose ensuite, à cheval sur le verre, une cuillère perforée sur laquelle on a posé un morceau ou un demi-morceau de sucre. On ajoute ensuite l’eau glacée en la faisant couler lentement sur le sucre. L’absinthe se trouble au contact de l’eau et prend brièvement une coloration bleutée qui lui a probablement valu son nom de fée bleue.
Évidemment, on peut se passer du verre à absinthe et remplacer la cuillère perforée par une fourchette. L’important est de savoir que l’on doit diluer un volume d’absinthe dans 3 à 5 volumes d’eau. Le sucre n’est pas non plus obligatoire, mais il adoucit l’amertume de l’absinthe.

Principes actifs

Seuls les principes actifs distinctifs de la plante contribuant à ses effets sont présentés.

  • L’absinthine, l’anabsinthine, l’artabsine et la matricine : des lactones sesquiterpéniques (0,15-0.4 %) auxquelles on attribue les effets apéritifs et digestifs.

  • Une huile essentielle (0,2-1,5 %) dont l’un des principaux constituants est la thuyone à laquelle on attribue l'effet excitateur sur le système nerveux et les propriétés vermifuges de l’absinthe. L’huile essentielle contient également du Z-époxyocimène, de l’acétate de trans-sabinyl et de l’acétate de chrysanthényl. La proportion de chaque élément dépend en grande partie de l’origine géographique de la plante et permet de définir plusieurs chémotypes. Par exemple, le chémotype à thuyone est associé aux plantes poussant à des altitudes inférieures à 1 000 m, alors que le chémotype à époxyocimène est typique des plantes poussant au-dessus de 1000 mètres.

La thuyone est une molécule synthétisée par certaines plantes comme entre autres l’absinthe, la tanaisie, la sauge et le thuya. Son effet sur le système nerveux central peut être toxique à fortes doses. Aucune dose journalière admissible (DJA) n’a été établie officiellement. En 2010, des chercheurs allemands ont calculé une DJA de 0,11 mg/kg/jour et l’European Medicines Agency a recommandé, sur la base d’une revue de la littérature scientifique, une dose maximale quotidienne de 3 à 6 mg de thuyone. À titre indicatif, il est estimé qu’une consommation de 40 à 80 ml d’absinthe correspondrait à 1,2 à 2,4 mg de thuyone.

Indications

Cette section regroupe les indications les posologies communément utilisées. Les posologies sont données à titre informatif et ne doivent en aucun cas être considérées comme des prescriptions. Seul un médecin est capable d'évaluer votre état de santé et de vous prescrire un traitement adéquat.

Contre la fatigue, la fièvre, l’aménorrhée, la dysménorrhée, le manque d’appétit*, les problèmes de digestion (dyspepsie, ballonnements, flatulences), les nausées et les parasites intestinaux :

  • Suc à raison de 5 ml, 2 fois par jour.

  • Parties aériennes séchées à raison de 1 g, 2 à 3 fois par jour.

  • Infusion de 1 g dans 150 ml d’eau, 2 à 3 fois par jour.

  • Teinture (1:5 éthanol à 70 %) à raison de 1 ml, 2 à 3 fois par jour.

  • Vin d’absinthe (1:33 ou 20-30 g/l de vin blanc, 5 jours) à raison de 30 ml avant chaque repas.

[*] Contre le manque d’appétit, les préparations sont à prendre 30 minutes avant le repas.

Contre les règles douloureuses :

Cataplasme de plante bouillie appliqué sur le ventre pendant 2 à 3 minutes.

Précautions

Il est déconseillé d’utiliser la plante plus de 15 jours d’affilée et si les raisons de sa prise persistent, il est impératif de consulter un médecin.

L'absinthe ne doit pas être donnée aux enfants, aux femmes enceintes et à celles qui allaitent. Par ailleurs, les personnes ayant des allergies aux plantes de la famille des astéracées, des problèmes de vésicule biliaire ou de foie ne devraient pas l’utiliser.

Références

  • Assessment report on Artemisia absinthium L., herba. European Medicines Agency, Committee on Herbal Medicinal Products. 2017.

  • Brouillet L. et al. VASCAN, la Base de données des plantes vasculaires du Canada. http://data.canadensys.net/vascan/ (2010+).

  • Community herbal monograph on Artemisia absinthium L., herba. European Medicines Agency, Committee on Herbal Medicinal Products. 2020.

  • Debuigne G. et Couplan F. Le petit Larousse des plantes qui guérissent : 500 plantes et leur remèdes. Larousse. 2013.

  • Dr Jean Valnet. La phytothérapie - Se soigner par les plantes. Le Livre de Poche, édition 26, 2016.

  • Drugs.com. Wormwood. 2024

  • Lachenmeier D.W. et Uebelacker M. Risk assessment of thujone in foods and medicines containing sage and wormwood – Evidence for a need of regulatory changes ? Regulatory Toxicology and Pharmacology, 58, 3. 2010.

  • Pierre Lieuthaghi. Le Livre des bonnes herbes. Actes Sud, 1996.

  • Public statement on the use of herbal medicinal products containing thujone. European Medicines Agency, Committee on Herbal Medicinal Products. 2012.

  • Tela Botanica. tela-botanica.org.

  • WikiPhyto : L’encyclopédie de la Phytothérapie. Wikiphyto.org.

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Les propriétés et les indications soulignées correspondent à des effets observés au cours d’études cliniques.
Pour savoir comment préparer les plantes médicinales, lire Préparations, Doses et Équivalences.
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