J’ai quitté les médias sociaux pendant plusieurs mois. J’ai créé un peu, on and off, dans les derniers mois. Juste un peu. Parce que j’ai senti la fatigue de l’algorithme, qui voudrait donc ben qu’on crée sans cesse, chaque jour. Crée, crée, crée, publie, publie, publie.
Fatiguée.
Pis pendant des mois, j’ai pas fait grand-chose, si on regarde les choses d’un œil extérieur. Sauf que c'est faux, parce que ça a beaucoup bougé en dedans.
Mais je me suis quand même sentie en dehors de la game, inutile. Parce que j’ai été bien programmée.
Pis un jour où je me sentais comme ça, je suis allée à l’épicerie. À la caisse, un bogue technique. La caissière, une pointe d’anxiété dans la voix, s’est répandue en excuses, me disant que ça devrait pas être bien long. Je lui ai répondu que c’était correct, que j’étais pas pressée. Une simple petite phrase, et toute sa physionomie a changé : elle s’est détendue, a soufflé, et m’a dit : « Ah, si seulement tout le monde était comme vous! ».
Pis là je me suis sentie utile. Dans ma lenteur. Grâce à ma lenteur. Et j’ai décidé que je ne la lâcherais plus. Pas juste parce qu’elle me semble désormais utile, mais avant tout parce que ça feel right. La game ne m’intéresse pas.
J’ai décidé de recommencer à partager ici, mais à mon rythme. Je crée quand ça me tente, je vais partager quand j’en sens l’envie. Quand ça me fait plaisir.
Je vais continuer à cultiver la lenteur, à me donner le droit de souffler et à dire aux autres que je suis pas pressée, question de leur donner le droit de souffler aussi.