Faits
Ces dernières semaines, suite à quelques différends avec des clients, je me consacre à travailler mon rebranding ou l'image de mon entreprise, de mes offres et services, de mon style graphique etc...
J'ai consacré énormément de travail, pour tenter de plaire et de coller à la demande, pour au final ne pas être retenue. Le bilan de cette expérience est que je dois ajuster l'offre et la demande, c'est à dire que je dois travailler avec des personnes qui comprennent parfaitement mon style, ma démarche, mes compétences,...
Identité artistique
En réalité, j'avais l'impression que mon identité artistique était claire : romantique sombre, pop-surréalisme, punk-élégant. Mais je m'aperçois que ce qui est claire pour moi ne l'est pas pour les autres, c'est pourquoi il va falloir que je répète clairement et plusieurs fois cela.
Ce n'est donc pas du rebranding, mais l'accentuation de celui-ci. Cela permet de ne pas être une artiste indéfinie parmi d'autres, dans le sens où, il n'y a aucune concurrence entre moi et un autre peintre qui serait dans un style plus masculin, enfant, lumineux, commercial, street art, classique ou autres. L'avantage et mon idéal seraient de justement créer une communauté d'artistes qui, grâce à leurs différences, leurs diversités, ne se sentent pas en compétition, mais soient en solidarité. Les clients pourront ainsi choisir en fonction de leurs goûts et de leurs besoins. Pour moi, un artiste, doit pouvoir peindre l'intérieur de lui-même et ne devrait pas s'adapter au goût d'une personne dont ce n'est pas le travail d'étudier l'art, l'histoire et la technique de l'art. (Il peut évidemment le faire, mais peut être a t'il d'autres obligations matérielles ne lui donnant pas le temps de le faire, d'où le fait d'embaucher quelqu'un dont c'est le travail).
L'objectif de ce "rebranding" est de créer de nouvelles offres qui correspondent totalement à un type de public, qu'il soit ultraniche ou non. A une époque qui pense que Lana Del Rey "romantise la dépression", il y a du boulot pour rappeler que l'art ne se résume pas à Disney Land et les Bisounours.
Tâches et outils
Je fais le bilan d'autres aspects entrepreneuriaux : Je passe beaucoup trop de temps à la communication, et je n'aime pas faire certaines tâches (éditer les factures, remplir des dossiers, faire de l'administratif,...). J'ai passé un temps fou pour me connecter sur des plateformes et faire des dossiers sur ADAGE ou CHORUS pour comprendre que pour le premier, il ne s'agissait que d'un énième entre-soi institutionnel de bobo de la culture et que le second demandait une formation pour les comptables en plus d'avoir de nombreux bugs. C'est dommage que les syndicats des artistes soient également dans cet entre-soi et ne défendent pas les 80% d'artistes les plus invisibilisés, sauf quand il s'agit de leur réclamer leurs taxes (même si je suis favorable au modèle social d'impôts et de redistribution).
Face à ce constat, j'ai tenté d'essayer des logiciels me permettant de gagner en productivité et en temps voire d'automatiser certaines tâches. Je le faisais déjà vers 2016 mais ces logiciels (evernote, trello, ifftt, zapier, toggl...) me prenaient plus de temps qu'autre chose. C'est pourquoi je me forme sur le logiciel Notion, qui m'a l'air plus complet, grâce aux nombreux tutoriaux disponibles sur Internet.
Priorités
J'ai toujours l'impression d'avoir trop de choses à faire. C'est pourquoi ces derniers mois, j'ai arrêté ou diminué certains aspects militants qui ne me nourrissaient pas intellectuellement, humainement, politiquement, émotionnellement, ... Il est important que mon travail et sa qualité soient reconnues. Et je n'écris pas pour qu'on me donne des ordres ou me parle familièrement. Comme je suis une personne émotionnelle, les personnes respectueuses et sympathiques restent dans mon coeur, mais celles qui cherchent à me refiler le boulot urgent que personne ne veut faire ne méritent pas mon temps. J'ai aussi eu des déceptions avec certaines personnes ne tenant pas leurs promesses et pour moi, la parole et l'honneur sont importants.
Ces dernières semaines, j'ai passé du temps à monter mon exposition à l'Abbaye de Saint-Maur. Même si je suis très contente, cela demande beaucoup d'efforts en amont. Dans 3 jours, j'organise une animation de modèles vivants et monte mon stand pour le marché de la Voûte. Etant une personne responsable, sérieuse et perfectionniste, penser à toute cette organisation provoque un peu de stress.
Alors quand une personne, alors que tout le monde sait ce que je prépare, me demande de faire des choses en urgence, alors que je suis sur le pont, je peux me demander ou se trouve son respect pour mon travail. Ces dernières semaines, j'ai réalisé des tâches soit disant urgentes, ce qui a fait que j'ai retardé mon travail graphique pour une pochette de musique, et les personnes n'ont pas fait la suite, leur travail, de mon travail. Tout ça pour expliquer le nouveau chemin que je souhaite prendre.
Dark feminine energy
Il y a deux semaines, je faisais un bilan en marchant dans la forêt. J'ai été orienté vers une piste que je n'ai pas eu le temps de développer mais que je retiens. Parallèlement, les synchronicités me mènent à cette piste. Avant hier, j'ai perdu du temps parce que je n'arrivais pas à stopper quelqu'un qui me parlait indéfiniment. Aujourd'hui encore, on me sollicite pour que je fasse un truc dimanche, alors que j'ai le marché dimanche,... Les conclusions à en tirer est que je n'ai probablement pas su poser mes limites à ces personnes. Je travaille alors sur moi même, sur ce que je dois améliorer. Tout cela pour dire, qu'à force de me former sur Notion, le marketing, je suis tombée sur les ressources concernant le fait de poser ses limites et les tendances de "dark feminine energy", ce que certains appellent de la féminité toxique. (Le fait d'être une femme qui dit non, c'est "toxique", mais un homme qui tue une femme c'est "normal"). Il faut aussi que j'accepte que le public ne veuille plus aucune création originale et que je doive utiliser les tendances, même si je les trouve discutables, existantes et populaires.
Coming out
Voilà, je pense donc prendre un tournant féministe (ce que je n'ai jamais caché être en réalité). Et j'aimerai, encourager les femmes à s'aimer plus, à apprendre à dire non, à arrêter d'être gentille et à incarner ce qu'elles veulent être, en enlevant les mauvais jugements. Pour ma part, je vais arrêter de fréquenter des milieux, souvent religieux, qui critiquent les femmes qui ont des tatouages, portent du maquillage, des jupes trop courtes, ont les cheveux courts ou colorés etc... Je ne sais pas comment, mais je tombe sur des contenus tellement misogynes que mon système de survie me pousse à résister à cela. Je ne dois plus fréquenter de personnes qui refusent qu'une femme s'exprime, puisse parler, voter (parler de politique), donner son avis ou qui réduisent une femme à son bas ventre.
Cela fait des années que je me mets en retrait, que je n'ose pas assumer ma séduction car les femmes sont toujours traités de p**. Il faut aussi que j'apprenne à donner ma bienveillance aux bonnes personnes, que j'encourage les hommes et les femmes timides à avoir confiance en eux, et être plus froides avec tous ceux (hommes et femmes encore une fois) qui prennent trop de place, coupent la parole, cherchent à dominer etc,... Cela n'est pas un combat contre les hommes, mais un combat contre moi-même, celui d'accepter que j'existe pour moi et ceux qui le méritent (incluant des hommes).
Mon créneau n'est pas la femme forte et badass qui prend tout l'espace mais la femme gentille, douce et sensible qui sait se défendre impitoyablement.