“ Je l'ai convaincu de ne pas s'enrôler, mais il a été emmené sans rien demander. „
Ekaterina mère d'Ivan, emprisonné pour toxicomanie '
Confessions des mères et épouses des prisonniers sortis des prisons russes pour aller se battre et mourir en Ukraine.
Traduction de l'article original de Marina Dulneva, ancienne rédactrice en chef de Forbes
Des milliers de personnes ont été recrutées, pour combattre en Ukraine, dans les prisons russes. On leur a promis des grâces et des paiements à leurs familles en cas de décès. Ils ont été jetés sur la ligne de front sans entraînement ni armes modernes, la plupart d'entre eux sont morts dans les premiers jours lors des soi-disant « assauts de viande ». Souvent, leurs familles ne recevaient pas les paiements, mais pas non plus le corps du défunt.
“ Nous lui avons demandé de ne tuer personne. On pourrait vivre avec un toxicomane dans la famille, mais avec un meurtrier... „
" Mon fils s'est retrouvé en prison parce qu'il se droguait depuis l'âge de 15 ans. Nous avons changé de lieu de résidence, je l'ai envoyé dans une clinique de narcologie pour enfants lorsqu'il était encore à l'école, puis au collège. C'est une institution fermée, avec des barreaux, pas de visites. On confie l'enfant et c'est tout, on ne le revoit plus jamais. Mais l'effet du traitement contre la toxicomanie n'a pas duré longtemps.
À un moment donné, j'ai commencé à remarquer qu'il marchait d'une fenêtre à l'autre [qu'il était à côté de ses pompes], qu'il n'était pas à la hauteur, qu'il était agité et qu'il disait que les mêmes voitures étaient restées dans la cour pendant trois jours et qu'elles le suivaient probablement, et qu'il passait une demi-journée au judas de l'appartement. Plus tard, je travaillais 24 heures sur 24 et il a commencé à faire de l'appartement un bordel. Je rentrais à la maison et je trouvais dix écoliers défoncés sur le sol. Mon fils a commencé à voler de l'argent, à disparaître avec ma carte de banque, il a essayer de partir pour une autre ville à plusieurs reprises
Puis il s'est trouvé une petite amie. J'ai essayé de lui expliquer qu'il n'y avait pas d'avenir avec lui. Et elle m'a dit qu'elle avait aussi besoin de "son cerf" (*), qu'elle avait besoin de faire sortir du bien de quelqu'un. Une femme russe doit toujours sauver quelqu'un. Et nous avons eu un "cerf" pour deux. Puis elle est tombée enceinte et mon fils a promis d'arrêter la drogue.
(*) quelqu'un a qui l'on tient mais que l'on doit "sauver"
Mais un matin, un homme en civil est venu le chercher et je ne l'ai revu que la nuit, lors d'une perquisition. Une foule de gens est venue chez nous, mon fils était menotté. Il n'y a pas eu de perquisition à proprement parler, car mon fils avait conclu un marché : on lui avait promis une peine plus courte pour sa coopération et il est allé montrer toutes les preuves lui-même, cet idiot a tout accepté, il m'a dit plus tard qu'il était défoncé. Le matin, à six heures, il a été emmené au centre de détention, après quoi nous ne nous sommes revus que lors d'un rendez-vous six mois plus tard.
Le premier tribunal l'a condamné à 14 ans de prison, la peine requise par le procureur. C'était horrible. Je lui ai crié : "Ne t'énerve pas, tu n'as pas le droit de t'énerver : "Ne t'énerve pas, tu vas sortir avant Navalny !" C'est difficile à imaginer aujourd'hui, mais à l'époque, vous pouviez crier cela. Après un appel, la peine a été réduite à 9,5 ans. À l'automne 2020, il a disparu et on est resté sans nouvelles jusqu'au début du mois de février. Pendant cette période, il a eu une fille - un cadeau pour le Nouvel An. Il a ensuite demandé à quelqu'un de nous contacter, et c'est ainsi que nous avons découvert ce qui lui était arrivé.
Le recrutement dans les colonies
Mon fils et moi parlions de la guerre au parloir . Il m'a dit qu'il n'y avait que quatre chaînes disponibles : Channel One, Russia, Spas et REN TV. Je lui ai dit de m'écouter, pas d'écouter ces chaînes. Au début, il a écouté et a été surpris de voir qu'ils disaient des choses complètement différentes à la télévision. Il allait demander une libération conditionnelle, il n'avait aucun délit, il avait des citations.
Puis Wagner a commencé à voyager dans les prisons. Il n'avait pas encore eu leur visite mais l'information leur était déjà parvenue. Je lui ai dit tout de suite : "Tu ne vas nulle part. Tu restes jusqu'en 2029"
La première fois que Wagner est venu, il n'y est pas allé. Il a dit qu'ils étaient venus en hélicoptère, c'était comme dans les journaux. L'hélicoptère n'a pas pu atterrir sur le terrain d'entraînement, il s'est posé derrière prison. Prigojine est arrivé dans une voiture de luxe et s'est placé sur la place de rassemblement. Il a appelé tous les officiers de la FSIN (*), il déteste les uniformes de la FSIN. Il leur a dit : soit vous mettez des vêtements civils, soit vous partez d'ici.
(*) FSIN : Bureau fédéral des prisons
Les prisonniers se tenaient debout dans la cour. Il a fait un discours. Cette fois-ci, ce sont ceux qui ont été le plus battus qui l'ont emporté. "Si vous avez tué dix hommes, vous êtes assez bien pour nous". C'était en été, je crois. Ensuite, il y a eu une journée portes ouvertes dans la colonie, où les parents sont venus. Il y a eu un concert et après, les parents ont demandé si leurs garçons risquaient de rejoindre les Wagnériens. L'un des chefs a répondu qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter, que personne d'autre n'irait avec eux, parce qu'il y avait là une zone industrielle pour laquelle ils devaient travailler, car il y avait beaucoup de commandes.
À l’automne, Wagner est revenu. Mon fils a commencé à m’appeler, je lui ai répété qu’il n’irait nulle part. Il m'a répondu : "Oui, les garçons ont appelé de là, ils disent que tout va bien là-bas, tu peux rester vivant même si c'est un peu effrayant." J'ai dit que je ne le laisserais pas partir, parce que je suis pour l'Ukraine, j'ai même un drapeau ukrainien accroché chez moi ! Je lui dis : « Contre qui es-tu ? Mon père est né à Louhansk et mon grand-père était un cosaque du Don. Cela n’est tout simplement pas possible.» Il a commencé à me parler de l'argent qu'ils payaient pour cela. Je lui ai expliqué qu’on ne peut pas tuer des gens pour de l’argent. Mon fils n'avait aucune opinion politique ni aucune envie de « mouiller les crêtes » [se bagarrer], c'était généralement un gars très gentil. Il ne m’a pas dit si il était prêt à tuer. Mais parfois, vous avez peur de poser de telles questions de peur qu'il réponde « oui », comment alors vivre avec ça
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Mon fils avait 21 ans et il a dit que Wagner n'emmenait pas de personnes de moins de 23 ans sans le consentement de leurs parents, il voulait que je lui donne. Ce à quoi je lui ai répondu : « Au diable, tu n’y vas pas. » Il a appelé depuis différents téléphones. Je soupçonne que Wagner lui a donné le téléphone. J'avais très peur qu'il appelle son père, car son père aurait donné son consentement car il pense que Poutine a "tout pouvoir de Dieu et que le pays doit être défendu, que Poutine ne conseillera rien de mal".
Le lendemain, des appels provenant de numéros inconnus ont commencé : des inconnus ont commencé à faire pression sur moi pour que je donne mon accord. Ils m’ont dit : « Nous le prendrons quand même, mais il partira dans des conditions différentes. S'il ne part pas maintenant, il partira quand même, mais pas avec nous, et presque gratuitement."Après cela, j'ai commencé à appeler le bureau de garde et à exiger qu'ils acceptent ma déclaration selon laquelle j'étais contre l'envoi de mon fils dans la zone « SVO. J'ai envoyé une lettre aux dirigeants de la prison. Ensuite, environ 200 personnes sont parties avec Wagner, mais mon fils est resté. La vie continuait comme d'habitude. Lorsque nous avons parlé, il a dit que certains prisonniers appelaient déjà de l'hôpital pour dire que tout allait bien. Puis, il a arrêté de dire qu'il devait partir.
” Je ne sais pas si une matraque dans le cul ou la torture électrique c'est mieux que la guerre „
Le 26 mars fut son dernier appel et puis je n'ai plus eu de contact avec lui. J'ai commencé à appeler la salle de garde pour savoir où se trouvait mon fils. Ils n'arrêtaient pas de me dire qu'il n'avait pas le temps. Et puis un gars m’a écrit sur WhatsApp pour me dire que mon fils était en cellule disciplinaire. J'ai demandé à ce type à quoi ressemblait la cellule disciplinaire. Il a dit : "la couchette est levée le matin et baissée le soir, on ne peut pas s'asseoir, il faut marcher toute la journée". J'ai pensé : bon, ce n’est pas fatal, mais c’est mieux que la guerre. Je ne sais pas si une matraque dans le cul ou la torture électrique valent mieux que la guerre, je ne peux pas le voir d’ici. Mais j’ai quand même dit à ce type de dire à mon fils de ne rien accepter.
J'ai calculé approximativement quand il était censé être libéré, j'ai appelé le service de garde ce jour-là et j'ai demandé pourquoi mon fils n'avait pas appelé s'il était censé être libéré. On m'a dit qu'il avait probablement été envoyé directement au travail. Puis j'ai appelé quelques jours de plus, ils m'ont encore dit qu'il était occupé. Et finalement ils m'ont donné un autre numéro. Là, ils m'ont dit que mon fils avait quitté la colonie, qu'il n'y avait pas de dossier personnel et qu'ils ne donnaient aucune information à des tiers. Naturellement, j'ai pensé qu'il avait été emmené au « SVO », bien, évidemment qu'ils ne l'avaient pas emmené au delphinarium de Sotchi.
En guerre
Quelques jours plus tard, mon fils a appelé et a dit qu'il était à Novoazovsk. J'ai commencé à lui crier dessus. Il dit : "Je te raconterai tout plus tard, je n'avais pas d'autre choix." Ce qu'ils ont fait de lui là-bas, et dans quelle mesure, je ne sais pas. Il a seulement dit qu'ils l'avaient fait sortir de la cellule disciplinaire, lui avaient jeté des vêtements civils, , ne lui avaient pas permis de prendre ses affaires à la caserne et l'avaient mis dans un fourgon cellulaire
De là, ils ont été emmenés vers un aérodrome militaire, chargés dans un IL-76 et transportés par avion à Rostov-sur-le-Don. En cours de route, ils ont obtenu un contrat de six mois à signer avec le ministère de la Défense, suivi d'une grâce et d'une réhabilitation. Statut : bénévole. De Rostov, ils ont été amenés à Novoazovsk et ont été placés soit dans un ancien camp de pionniers, soit dans un ancien centre de loisirs. Ils ont reçu des uniformes, des armes, etc. Environ deux semaines plus tard, ils ont été emmenés en direction de Mariinka ou Maryanovka, il ne cessait de se confondre avec le nom. Là, ils ont été placés dans une ceinture forestière ; il n'a pas précisé l'emplacement exact, mais a déclaré que la ligne de contact était à 25 kilomètres. A partir de ce moment, ils vécurent dans les tranchées.
Mais ils pouvaient se rendre dans un magasin local et y acheter quelque chose. Par exemple, il a demandé un jour de lui transférer 3.000 roubles, il voulait manger, acheter du Doshirak [des nouilles instantanées] et des sauucisses. Nous avons versé l’argent directement au vendeur du magasin où se rendait mon fils. Puis il a demandé de l'argent pour de l'équipement. Il dit : demain une voiture arrivera où nous pouvons acheter des genouillères et des coudières car ce qu’ils ont donné est tout incliné et tordu. Il a dit qu'ils lui avaient donné une lourd gilet pare-balles qui lui faisait mal aux épaules.
Ensuite, ils ont commencé à les emmener quotidiennement sur le terrain d’entraînement. Après le terrain d'entraînement, une dizaine de jours plus tard, ils ont été emmenés à Donetsk. De là, il m'a écrit qu'il y avait une possibilité d'acheter un téléphone portable, nous lui avons transféré 11.000 roubles. Il a acheté une carte SIM DPR Phoenix et il a commencé à me contacter depuis son téléphone.
Je pensais que je n'avais même pas de photo pour mettre sur un monument ou le mettre sur la liste des personnes recherchées
Je lui ai demandé d'envoyer une photo. Avant cela, sur la dernière photo que j'avais, il avait 18 ans. Et je pensais que je n’avais même pas de photo pour mettre sur un monument ou le mettre sur la liste des personnes recherchées. Mais vous ne pouvez pas lui expliquer cela. Il a envoyé plusieurs photographies, les siennes et des paysages.
Après, nous avons beaucoup parlé, mais c'était étrange. Je lui ai crié : « Tu vas mourir et nous ne saurons jamais rien de toi. » J'ai compris qu'il pourrait mourir demain, que cela pourrait être mes dernières conversations avec mon fils. Je ne me faisais aucune illusion, je ne lui ai pas laissé une seule chance de survivre. J'ai compris que c'était tout. Il n'était pas encore mort, mais je pleurais déjà du matin au soir. Ma grand-mère et moi lui avons demandé de ne tuer personne. On pourrait vivre avec un toxicomane dans notre famille, mais avec un meurtrier...
Je lui ai proposé de s'échapper, de se rendre, de s'enfuir d'une manière ou d'une autre. Il a déclaré qu'ils étaient gardés par la police, qu'ils ne pouvaient pas aller se promener à gauche ou à droite et que le soir, ils remettaient leurs munitions. Je lui ai dit d'écrire le numéro de «je veux vivre (*) » et de se rendre. Mais il a refusé cette option
(*) "Je veux vivre" est une hotline créée par les Ukrainiens pour aider les soldats russes qui veulent se rendre
Il raconta comment ils étaient habillés, comment la cuisine de campagne leur servait. J’ai demandé quelle unité militaire il appartenait, s’il avait un insigne mais il ne savait rien. À propos du salaire, il a déclaré qu'il était d'environ 200.000 roubles mais qu'il ne savait pas quand ils allaient le transférer. J'ai essayé de trouver des indices, car j'ai compris : il n'y aurait personne à qui demander plus tard. D'autant plus qe rien n'était formalisé. Chaque jour, il disait que le "quartier général" était en route et qu’il serait là d’une minute à l’autre, mais il n’est jamais venu.
Ils ont eu droit à un "bain public". Le bain public était un camion Kamaz avec des cabines et de l'eau chaude. J’ai alors pensé : « Ils l’ont probablement apporté avant la bataille pour qu'ils soient tués proprement. » Les 7 et 8 mai, nous lui avons transféré plus d'argent - il voulait de la viande, et le 8, ils ont fait frire des brochettes - puis il a envoyé la dernière photo. En fin de compte, mon fils a parlé d'une sorte d'hérésie : il a écrit qu'il y avait des opinions sympas, auxquelles j'ai répondu : « Vous êtes en Ukraine, vous êtes des occupant, des salaud.» Et il m'écrit : « Non, nous défendons notre Mère Russie. » Quelle brute. Je pense qu'il y avait de la propagande là-bas, sinon ils s'enfuiraient tous. Notre correspondance était assez dure.
J’en suis sûr : si vous arrêtez maintenant de payer les gens pour qu'ils participent à la guerre, 90 % d’entre eux partiront. Les gens meurent criblés de dettes, étranglés par les hypothèques. Je travaille à la Poste, plusieurs tonnes de lettres me transitent chaque jour. Et 90 % des lettres proviennent de la société RSV (société de crédit). Les gens contractent des microcrédits même juste pour les vacances et les cadeaux pour le 8 mars [la journée des droits de la femme, ± l'équivalent de la Saint Valentin chez nous] ou pour préparer une table pour le Nouvel An. Eh bien, acceptez le fait que vous êtes des mendiants, à qui voulez-vous prouver quelque chose ? Mais non, les gens se poussent de plus en plus loin dans les dettes.
Le 9 mai au matin, il m'a félicité pour la fête du "Jour de la victoire". En réponse à ses félicitations, je lui ai envoyé un message disant que nous aurions un autre 9 mai et notre propre victoire. Je lui ai écrit : "Gloire à l'Ukraine.
Ma grand-mère est une ancienne combattante, elle a atteint Berlin, sa poitrine est pleine d'ordres. Et elle n'a jamais dit : "On peut le refaire". Nous avons toujours su que la guerre est quelque chose qui ne doit pas se répéter. En aucune façon, que l'on gagne ou que l'on perde. Et ce putain de 9 mai... On ne peut plus s'en détacher. On en a la nausée. Ça vous rend malade, mais vous ne pouvez rien y faire.
Hier soir, il a envoyé un texto : "Maman, on va prendre d'assaut une maison. Je t'aime, je t'embrasse, je serai bientôt à la maison." Et c'était là son dernier message. Le 15 mai, j'ai reçu un message vocal disant : "Frère, dis à ta mère qu'il est parti". Je n'ai rien dit à personne à ce moment-là, et il n'y avait rien à dire. Un message m'est donc parvenu, et alors ? Mais ce message a été envoyé à toute la famille. Ses compagnons d'armes m'ont raconté qu'un arbre lui était tombé dessus et lui avait cassé les jambes, et qu'il avait attendu l'évacuation pendant trois heures. Puis, lorsque l'équipe d'évacuation est arrivée, ils l'ont mis sur une civière quatre d'entre eux le portaient, et un obus a touché la civière. Il a été déchiré en deux, et ils ne l'ont pas emmené. Les quatre personnes qui portaient la civière sont également mortes.
la mort dans la première bataille
Lorsque j'ai reçu un appel téléphonique concernant mon fils, j'ai composé en tremblant deux numéros du ministère de la défense qui m'avaient été donnés, j'ai appris que ces numéros n'existaient pas et je me suis mise au travail. le lendemain, j'ai appelé tous les téléphones du ministère de la défense que j'ai pu trouver. personne n'a décroché. J'ai alors commencé à m'inscrire sur toutes sortes de groupes où des photos de Russes morts étaient affichées. j'ai également envoyé des lettres. Ils ne voulaient pas répondre, ils écrivaient parfois qu'ils avaient reçu la lettre, mais que la feuille à l'intérieur de l'enveloppe était vide. le FSin [service pénitentiaire russe], par exemple, répondait : "Votre parent a signé un papier l'engageant à ne pas divulguer à des tiers le lieu où il se trouve". Deux autres femmes que je connais ont reçu de tels papiers. C'est l'excuse parfaite.
Lorsque on a creusé, nous avons découvert que lui et son équipe n'étaient pas enregistrés auprès du ministère de la Défense, mais auprès de Storm-Z.. Le père de Vanya a trouvé le numéro du commandant de peloton, je ne sais pas comment. Après le 9 mai, il a été admis à l'hôpital. Son père l'a appelé, le commandant du peloton qui lui a raconté comment notre fils était mort et qui lui a dit qu'eux non plus n'avaient toujours pas été enregistrés dans l'armée et n'avaient pas reçu de salaire. Il s'avère que notre fils est décédé avant d'être enregistré, et maintenant pourquoi enregistrer ceux qui ne sont plus là ? Le sous-officier du peloton a promis que le commandant, qui était dans le coma, nous dirait tout, mais il est décédé le lendemain. Tous les fils que nous avions étaient cassés. Son père appelait constamment pour avoir des nouvelles. Onui a dit que tous les corps avaient été laissés sur le terrain. Le dernier message vocal de sa part était qu'il ne nous dirait rien de plus, car il avait déjà reçu une réponse pour nous en avoir dit autant.
À ce jour, selon les documents, mon fils semble avoir simplement quitté la colonie. Est-il parti purger sa peine ou a-t-il été vendu pour ses organes ? Ce qui s'est passé? Ils ont piétiné tout le système judiciaire. Je ne sais pas comment cet état existe. Cela repose uniquement sur les forces de sécurité, pas sur la loi.
Il y a une vidéo où un raton laveur rince de la barbe à papa. Il la plonge dans l'eau et elle se dissout. J'avais le même sentiment : que mon fils me glissait entre les doigts comme du sable. Vous vouliez taper du pied et tout réparer, mais vous n’avez aucun contrôle sur ce qui se passe. Vous vous asseyez simplement, regardez-le de côté, mais vous ne pouvez rien faire. Je lui ai tout raconté sur cette guerre, je lui ai dit que des milliers de personnes y mouraient, mais il a quand même gâché sa vie. Sa stupidité l'a ruiné. Il n'a jamais grandi, il est resté un enfant. Il ne comprenait pas que des gens mouraient là-bas, qu'il n'y avait pas neuf vies, comme dans le jeu. Mais au moins, il n'a tué personne - il est mort lors de la première bataille.