Cher Journal,
ce que je préfère de l'hiver c'est qu'il en a rien à foutre de nous. J'aime particulièrement quand la neige choisit de s'asseoir sur la ville. Comme deux fesses géantes qui décideraient de tout aplatir. Se reposer, quoi. Tu peux rien faire contre la neige, quand elle convient que c'est le temps, c'est comme un bébé qui veut sortir, tu retiens pas ça.
Demain, il y aura tempête. Il n'y a rien de plus québécois qu'une tempête au mois de janvier, ça fait 39 ans que je les vis, elles se déclenchent généralement de manière aussi prévisible qu'un cycle menstruel... Mais là, même si je les adore, j'ai un peu plus de mal à m'en réjouir. Ce que j'aime de la grosse neige c'est que généralement, elle brise notre normalité. Elle vient mettre un frein au rythme effréné de la vie moderne. Elle réussit à nous rappeler que nous sommes touts petits. Elle ralentit les voitures, elle absorbe les sons, elle ferme les écoles et déroute nos horaires... Mais là. Qu'est-ce que tu veux qu'elle change comme normalité? Que veux-tu qu'elle annule?
Les petits sont en-dedans depuis le 17 décembre et les routines ont été assassinées en mars... 2020! Chaque fois que l'on tente d'installer un rythme, de repartir la machine, de prendre un erre d'aller, patatra, les plans changent. Les activités s'annulent, les consignes se rajoutent, le couvre-feu réapparait, la vie referme... De toute façon le quotidien est chamboulé et se faire interrompre is the new normal.
Alors la neige pourra bien se coucher sur nous, j'étais couchée bien avant elle.