Je m'ennuyais.

Je m'ennuyais.

May 27, 2023

Cher Journal,

je m'ennuyais. J'ai publié mon deuxième livre récemment, (enfin, "j'ai", quelqu'un l'a fait à ma place, hein. J'ai pas appuyé sur le bouton "print" moi-même et j'ai livré aucun livre à vélo jusqu'à la librairie), je devrai écrire le troisième un moment donné, mais entre-temps, ça me fait trop de mots dans ma tête. Trop de choses que je vois, que j'observe, que je vis et qui doivent sortir. Les mots, c'est comme les enfants, quand ça fait trop longtemps qu'ils sont en-dedans, il faut leur montrer la porte.

Hop, hop, hop! On s'aligne, on se lave la bouche et on sort! Alors me revoilà. Je suis en Abitibi pour le Salon du livre. L'Abitibi, on dirait pas comme ça, mais ça sent bon. Ou alors, c'est Montréal qui pue. C'est sûrement Montréal qui pue. Mais en tout cas, quand tu sors de l'avion ici, la première chose que tu sens en sortant sur le tarmac, ce sont les épinettes. C'est un grand privilège de prendre l'avion. Et j'ai bien hâte qu'ils nous en fassent qui ne polluent pas l'air que l'on traverse. Parce que voyager, c'est immensément merveilleux. T'asseoir dans un appareil dans une certaine réalité et réouvrir la porte quelques heures plus tard dans une réalité toute autre: wow. Changer de vie.

D'ailleurs, quand on est à l'aéroport et qu'on regarde le grand panneau lumineux où s'alignent toutes les destinations, comment peut-on ne pas rêver? Même les villes les plus plates, même les coins du monde gris, beiges, où se multiplient les parkings, les boulevards tristes, les conteneurs à poubelles derrière les franchises de restaurants déprimants... Même le beige que je ne connais pas, devient un peu attrayant... Car je ne le connais pas. J'ai envie de tout savoir, de tout voir. Même le random. Le random m'attire parce qu'il me surprend. Je ne peux pas le deviner. Je ne l'ai jamais vu. Je ne sais pas si c'est la quarantaine qui me fait ça, si c'est l'horloge qui s'accélère et se met doucement à murmurer que le temps manquera un jour, mais tout m'intéresse. Les gens, les endroits, la nouveauté. Je vis dans le présent et j'aime me laisser surprendre.

Bon, tu me diras, mon perpétuel mode yolo vient aussi sûrement du fait que j'ai passé les treize dernières années en-dedans à élever des enfants. Alors, maintenant, même quand je suis dans l'autobus de la ville, j'ai l'impression que je voyage.

Hè, savais-tu que Biz le chanteur de Loco Locass, c'est mon voisin? Je le voyais toujours à l'épicerie et je me disais "Est-ce que ça, c'est Biz, ou c'est juste mon voisin?", ben finalement, c'était les deux.

La vie, je te dis. Pleine de surprise.

Porte-toi bien.

Léa S.

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