Parfois, ce sont les rencontres manquées qui changent nos vies. Août 2017. Je me retrouve à New York, cette ville-monde où tout semble possible. Je suis là pour une conférence, mais je ne suis pas qu’un simple visiteur en quête de gratte-ciels et de musées. En tant qu’architecte logiciel, ma vie professionnelle me mène souvent aux quatre coins du monde, et cette fois, j'ai décidé de profiter de cette occasion pour plonger au cœur de la communauté arménienne de New York.
Mais voilà, malgré tous mes efforts – des heures passées à naviguer sur des sites d’organisations arméniennes, à m’abonner à des newsletters et à suivre des pages Facebook – je ne trouve rien. Rien qui me permette de rencontrer cette jeunesse arménienne que je cherche désespérément. C’est comme si ces événements, ces moments de partage, se dérobaient à moi.
Le dernier jour de mon séjour, mon téléphone enregistre plus de 20 kilomètres parcourus à pied dans les rues de Manhattan. C’est au détour de Washington Square Park que je tombe sur une scène qui aurait pu passer inaperçue, mais qui, pour une raison que j’ignore, me frappe en plein cœur : un piano à queue, noir et majestueux, trône au milieu du parc. Assis à ce piano, un musicien, concentré, joue pour une foule d’inconnus. La scène est à la fois banale et sublime. J’écoute quelques notes, puis je reprends ma route, pressé de rentrer à l’hôtel.
Ce n’est que quelques heures plus tard, à l’aéroport JFK, que ma vie bascule. Un dernier coup d’œil sur Facebook avant de couper le monde pour mon vol retour, et là, je tombe sur une image qui me frappe en plein cœur. Le même piano, le même parc. Mais cette fois, autour de l’instrument, des visages familiers, des visages qui auraient dû être ceux que je cherchais : des jeunes Arméniens, réunis pour un concert, au cœur de la ville. Je réalise que cet événement a eu lieu quelques minutes avant ou après mon passage. Comment ai-je pu passer à côté ?
C’est alors que le déclic se produit. Pendant les sept heures de vol qui me ramènent à Paris, une idée germe en moi, prend forme, s’enracine. Et si on avait une plateforme qui regrouperait tous les événements arméniens à travers le monde. Un calendrier global, accessible à tous, qui empêcherait quiconque de vivre la même déception que moi ce jour-là à New York.
Ce jour-là, à Washington Square Park, une rencontre manquée a changé ma vie. Elle m'a donné la vision de ce qu'Armenopole devait être : non pas un simple site, mais une porte ouverte sur la richesse et la diversité de la vie arménienne à travers le monde. Parce que plus jamais un Arménien, où qu’il soit, ne devrait passer à côté de ces moments de partage, de ces occasions de se retrouver, de vibrer ensemble.