Comprendre la Chine moderne avec l'hérit ...

Comprendre la Chine moderne avec l'héritage d'Alvarez Semedo - Chap. 1

Apr 02, 2024

Pour appréhender la complexité de la Chine actuelle, il est impératif de reconnaître que sa culture et son identité sont le produit d'une longue histoire ininterrompue, cette perspective historique est indispensable pour quiconque cherche à comprendre la mentalité chinoise, remarquable par sa stabilité au fil des siècles, dans un monde en perpétuelle évolution.

Voici pourquoi j'ai choisi de vous présenter ici une version réécrite en français "modernisé" de la première partie de « L'Histoire universelle du grand royaume de la Chine ». Cet ouvrage, rédigé au XVIIe siècle par le jésuite portugais Alexandre de Rhodes, qui empruntait le pseudonyme d'Alvarez Semedo, représente l'une des premières descriptions détaillées de la Chine introduites en Europe. Originellement publié en italien en 1643 et traduit en français en 1645, cet ouvrage historique reste aujourd'hui une référence inestimable pour les études chinoises, bien qu'il soit peu connu en dehors des milieux académiques spécialisés.

Alexandre de Rhodes, né en 1591 et décédé en 1660, s'est distingué par son travail de missionnaire et de linguiste en Asie, contribuant notamment à l'introduction de l'alphabet latin dans la langue vietnamienne. Après son expulsion du Vietnam en 1630, il a poursuivi sa mission en Thaïlande, au Laos, et en Chine. Sa contribution à la linguistique et à la mission catholique lui confère une place de choix parmi les figures historiques de l'Église.

Le choix d'un pseudonyme s'explique par le souci d'éviter les conflits avec les autorités portugaises et les règles strictes de l'ordre jésuite concernant les publications. Ce livre, bien accueilli à son époque, a joué un rôle dans la diffusion des connaissances sur la Chine en Europe, on peut juger aujourd’hui de ses limitations et du nombre des préjugés d’un Européen à cette époque.

Aujourd'hui, « Histoire universelle du grand royaume de la Chine » est reconnue pour son importance historique. Les études académiques, enrichies de commentaires et d'annotations, continuent d'éclairer les chercheurs sur la société, la culture, et la politique chinoises de la dynastie Ming.


HISTOIRE UNIVERSELLE DE LA CHINE
par Alvarez SEMEDO (1585-1658)

Copyright. Adaptation en français modernisé de @Margueritetruth - Février 2024


Préface de l'auteur :
Cher lecteur,

Notre époque se passionne pour les récits du monde, avec un désir insatiable pour de nouvelles découvertes. Je tiens à vous dire que ce récit se distingue nettement des autres. Il captivera sans aucun doute votre curiosité. Ces récits, déjà bien connus, n'ont guère besoin d'introduction. Pourtant, des guerres tartares ont été ajoutées dans ce livre, tissant une chronique continue de l'histoire de la Chine. Vous découvrirez dans ce livre un panorama vivant et précis de ce vaste royaume.

Première partie

(NB : La seconde partie ne sera pas traitée car ne concerne que l'auteur comme missionnaire)

CHAPITRE 1 : VISION GENERALE DE LA CHINE

La Chine se définit avant tout par une vaste continuité de territoire, s'étirant remarquablement sur dix-neuf degrés de latitude. Partant de l'île de Hainan, proche du continent sous le vingt-quatrième degré nord, elle s'étend jusqu'au quarante-troisième degré vers l'est. Cette étendue, par ses contours diversifiés et étirés, englobe un royaume unique aussi vaste que l'Europe. À l'ouest, un chapelet d'îles si rapprochées les unes des autres, qu'elles paraissent fusionner, complète ce paysage, formant ensemble une entité singulière.

Cette monarchie se compose de quinze provinces, chacune est assez vaste pour être considérée comme un royaume à part entière, conformément à leur statut d'autrefois quand elles étaient gouvernées par des rois distincts. Parmi elles, les neuf provinces méridionales sont entrecoupées de rivières si imposantes et si larges qu'à certains endroits, il est impossible de discerner l'autre rive. Ces cours d'eau, tous navigables, sont sillonnés par un nombre incroyable de navires. Leur quantité est si étonnante qu'elle dépasse l'entendement et surpasse toutes les autres rivières du globe en termes de trafic fluvial.

Je me souviens avoir passé huit jours entiers bloqué sur l'un des plus petits bras du fleuve de Nanjing, avant de pouvoir atteindre Hangzhou, tant la foule était dense. En moins d'une heure, j'ai compté trois cents bateaux, uniquement ceux venant en sens inverse. Ce qui m'a le plus impressionné, c'est leur nombre considérable, tous d'une propreté et d'un agencement remarquables, ornés de peintures diverses, donnant l'impression qu'ils étaient conçus pour le plaisir et l'agrément plutôt que pour le commerce.

La configuration des bateaux offre une caractéristique appréciable : l'espace des passagers est distinct de celui des bateliers. Cela permet aux voyageurs de déambuler librement autour du navire sur des galeries extérieures, sans être sans être gênés par les personnes à l'intérieur. Cet agencement est une particularité des résidents de la province de Hangzhou, dans les autres provinces cela n’existe pas.

Les six provinces plus septentrionales partagent une similitude climatique avec la nôtre, étant moins humides et donc plus saines que les autres. Malgré cela, la longévité et la vigueur des anciens y sont remarquables, témoignant d'une qualité de vie exceptionnelle à travers le royaume.

Le royaume est densément peuplé, au point où villages et villes se côtoient et se touchent parfois, particulièrement dans les zones richement irriguées. On distingue quatre principaux types d'habitats : les grandes cités appelées "fu", les villes de taille moyenne nommées "ceu", les bourgs désignés "hien", et les forteresses connues sous le nom de "cin", sans oublier les innombrables villages et hameaux. La sécurité est assurée jour et nuit sur les murailles, même au cœur du royaume, avec des gardes divisées en quatre veilles. Cette vigilance constante est justifiée par le principe qu'un danger peut surgir à tout moment, et l'histoire nous a appris que les surprises désagréables résultent souvent d'un excès de confiance. Des postes de garde sont établis sur les places publiques et des sentinelles patrouillent les rues, sous un régime d'ordre et de discipline strict. Tout manquement à leur devoir est immédiatement puni par des châtiments corporels, sans procès. Les portes des cités se verrouillent chaque soir et ne rouvrent en aucun cas sauf un cas spécial après une vérification complète.

En 1634, à Kiamsi, j'ai été témoin de l'évasion de trente prisonniers qui, après avoir surmonté et éliminé leurs gardes, se sont libérés. L'alerte fut donnée immédiatement, les portes de la ville restèrent closes toute la journée, respectant ainsi une coutume stricte, et les évadés furent capturés avant la tombée de la nuit, incapables de se dissimuler dans une agglomération aussi vaste. Ce royaume est d'une densité de population si exceptionnelle que, même après vingt-deux ans passés ici, je reste stupéfait par le nombre incroyable de ses habitants, surpassant toute exagération imaginable. Dans les villes, les bourgs, les places, et même sur les routes, la foule est telle qu'on se croirait au milieu d'une grande célébration. D'après les registres officiels, qui excluent les femmes, les enfants, les eunuques, les lettrés et les militaires, dont le nombre est presque sans limite, la population atteignait à un moment donné cinquante-huit millions cinquante-cinq mille cent quatre-vingt personnes.

Les demeures chinoises, bien qu'elles ne rivalisent pas avec les nôtres en splendeur ou en durabilité, offrent une commodité et un confort supérieurs dans l'agencement des pièces et la décoration. Leur charme réside dans l'utilisation d'un vernis de qualité, le « Charam », et l'abondance de peintures ravissantes. Plutôt que de s'élever vers les cieux, ces maisons restent modestes en hauteur, une conception dictée par la conviction de leur plus grande fonctionnalité et accessibilité. Les jardins, enrichis de floraisons et de verdure, voire d'arbres fruitiers dans les régions nordiques, témoignent d'un goût pour la nature. Lorsque l'espace le permet, de grands arbres prennent racine, accompagnés de montagnes artificielles créées à partir de rochers soigneusement sélectionnés et transportés de loin. La faune y est également à l'honneur, avec l'élevage d'oiseaux majestueux tels que des grues et des cygnes, ainsi que de cerfs et de daims. Les bassins peuplés de poissons, dont les écailles dorées scintillent sous le soleil, ajoutent à la magie des lieux, révélant un goût pour l'inventivité et le plaisir esthétique.

La manière de construire en Chine est caractérisée par une approche originale : ils débutent par le toit, posant avec soin la charpente sur de robustes colonnes de bois, dont la valeur augmente avec leur épaisseur. Ensuite, les murs sont érigés, utilisant la brique ou d'autres matériaux similaires. Historiquement, leurs constructions respectaient des proportions artistiques rigoureuses, visibles dans leurs manuscrits, mais cette rigueur est désormais réservée aux palais royaux et aux bâtiments publics. Ces derniers, comme les tours des remparts urbains, arborent diverses formes — rondes, carrées, octogonales — et sont équipés d'escaliers en colimaçon, de ressorts et de balustrades extérieures, témoignant d'un souci esthétique et fonctionnel persistant dans l'architecture monumentale.

Les Chinois excellent dans l'art du mobilier, utilisant fréquemment un vernis spécial nommé « Charam », extrait d'une variété d'arbres autochtones. Ce vernis, non seulement unique par sa provenance mais aussi par son application tant sur les créations nouvelles que sur la rénovation des pièces anciennes, confère aux meubles une beauté remarquable. Il est hautement apprécié pour sa qualité exceptionnelle, visible tant dans les produits exportés vers l'Europe que dans ceux utilisés localement, démontrant ainsi la richesse de l'artisanat chinois et sa contribution précieuse au patrimoine culturel et esthétique mondial.

La variété et l'abondance des productions de la Chine témoignent de la richesse de ce pays aux multiples climats. Cette diversité semble refléter un dessein de la nature de concentrer en un seul lieu les richesses dispersées à travers le monde. La Chine, grâce à cette abondance, satisfait non seulement tous les besoins essentiels de ses habitants mais regorge aussi de produits pour se faire plaisir. Cette indépendance lui permet non seulement de se passer des importations mais aussi d'offrir généreusement ses surplus à ses voisins et aux pays lointains, désireux de profiter de ses excédents.

Le régime alimentaire en Chine se base principalement sur le blé et le riz, leur disponibilité variant d'une région à l'autre. La fertilité du pays assure une production abondante de ces deux céréales, rendant leur coût très abordable. Un pico, unité de mesure équivalant à vingt-cinq livres, se vend généralement à cinq réales, et atteindre sept et demi est considéré comme onéreux.

Dans les régions septentrionales de la Chine, les habitants privilégient le pain de blé, d'orge, et de maïs, tandis que le riz est consommé occasionnellement, similairement à l'usage qu'en fait l'Europe pour les régions méridionales. Malgré une production significative de blé, sa consommation reste modérée, à l'instar de notre usage du riz et d'autres produits. Les légumes, variés et nombreux, constituent le soutien alimentaire principal des populations moins aisées et servent également d'alimentation pour les chevaux, en remplacement de l'orge. Le recours aux herbes est fréquent toute l'année, tant pour l'alimentation que pour leurs vertus médicinales. Si certaines plantes comme les endives et les chardons ne figurent pas parmi leurs cultures, ils disposent néanmoins d'une riche variété d'herbes inconnues chez nous.

La disponibilité de la viande est remarquable à travers la Chine, y compris dans les lieux les plus modestes, avec le porc étant le plus couramment consommé. La viande de bœuf est préparée de manière spécifique, tous les os étant retirés avant sa vente. Bien que le gibier soit moins fréquent, du fait d'un intérêt limité pour la chasse, la faune comprend principalement des sangliers, cerfs, daims, et lièvres, plutôt que des lapins. En matière d'ornithologie, la Chine se distingue par une diversité supérieure, possédant toutes les espèces connues chez nous, en plus de nombreuses autres inconnues en Occident. Ils reconnaissent deux variétés de perdrix, l'une semblable à la nôtre excepté son chant, et des rossignols plus grands, mais équivalents en vocalises. Une autre espèce de perdrix, visuellement et gustativement supérieure, n'existe pas dans nos contrées. Les oiseaux représentés sur les œuvres d'art chinoises, exportées en Europe, appartiennent souvent à ces catégories uniques. Les Chinois ont également un talent particulier pour domestiquer diverses espèces d'oiseaux, qu'ils élèvent chez eux. L'élevage industriel d'œufs d’oies, particulièrement pratique au printemps en l'absence de couvaison naturelle, est une pratique attestée.

Dans le nord, le poisson est rare, sauf à la cour, où l'abondance règne grâce aux importations des régions méridionales, riches en cours d'eau. À Nanjing, une pêche annuelle spéciale approvisionne la table royale, strictement réglementée pour garantir l'exclusivité de cette provision. Malgré un long voyage, le poisson arrive frais, grâce à des méthodes de conservation innovantes. Les esturgeons locaux, réputés supérieurs, restent étonnamment abordables.

Les fruits comme les cerises et les mûres sont moins appréciés pour leur manque de saveur, contrairement aux oranges de Canton, célèbres pour leur qualité exceptionnelle. Le sud offre une pêche abondante et diversifiée, enrichissant le régime alimentaire avec des fruits exotiques et une grande variété de noix et de thés, démontrant la richesse et la fertilité du pays. Cette abondance culinaire reflète un patrimoine riche, admiré par les visiteurs européens pour sa diversité et son raffinement.

La province de Shaanxi est célèbre pour ses pêches exceptionnelles, à la taille impressionnante ; certaines affichent une couleur rouge tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, tandis que d'autres, jaunes, rappellent les variétés que nous connaissons par leur forme et leur saveur.

Quant aux melons, bien qu'ils soient omniprésents, leur qualité n'égale pas celle de nos meilleurs spécimens. En revanche, les concombres et les citrouilles locaux dépassent largement les nôtres en qualité et en quantité.

Le raisin, ne mûrissant pas aisément dans toutes les régions, est généralement cultivé sur des treilles, à l'exception notable de Shaanxi où l'on récolte en abondance des grappes destinées à être séchées au soleil ou au feu. Concernant la vinification, elle repose sur l'orge et le riz dans les régions septentrionales, tandis que le sud préfère un mélange de pommes et de riz, une variété spécifique réservée à la production de boissons.

Le vinaigre est fabriqué à partir de la même matière que le vin. Les provinces à l'ouest produisent également un vinaigre à base de mil, qui est fort et de bon goût. Bien que le vin ordinaire n'ait ni force ni résistance et se garde peu, il a tout de même un effet enivrant. On en produit tout au long de l'année, mais le meilleur est celui de l'hiver. Il est agréable à tous les sens : sa couleur est belle à voir, son odeur plaît à l'odorat, et sa douceur est agréable au goût. C'est pourquoi il sert de motivation puissante pour les ivrognes qui peuvent facilement s'enivrer, étant donné que la consommation d'alcool n'est pas honteuse ni stigmatisée chez les Chinois. Ils boivent toujours leur alcool chaud, quelle que soit la saison, été comme hiver.

Le peuple chinois accorde une grande importance aux fleurs, qu'elles soient semblables à celles que nous connaissons ou qu'elles soient différentes. Les giroflées, par exemple, ont une senteur musquée sans qu'on ait besoin d'y ajouter quoi que ce soit. Ils prennent grand soin de leurs jardins pour y conserver des fleurs toute l'année. Il y a même des fleurs qui défient les lois de la nature et qui semblent affranchies de la brièveté de vie que les autres plantes doivent subir sous l'emprise des rigueurs hivernales. Lorsque ces plantes n'ont plus d'humidité pour entretenir leurs feuilles et que le froid les a dépouillées de leur verdure, leurs fleurs les plus délicates sont mises dans la neige ou la glace pour être ranimées. Les habitants de la région les nomment « lamni ». Ces fleurs ont plus de charme pour le nez que pour les yeux, leur couleur rappelle celle de la cire. Les Chinois ont également une variété de lys, appelée « tiaohoa », qu'ils conservent dans leurs maisons. Ils poussent et fleurissent en l'air et peuvent être conservés hors de terre avec leurs racines intactes et incorruptibles.

Le royaume se distingue par son incroyable richesse, tirant parti de ses ressources naturelles abondantes pour produire une variété impressionnante de biens. Le sol fertile offre non seulement une abondance de nourriture et tout ce qui est nécessaire à la vie quotidienne, mais également des matériaux précieux convoités par le monde entier. Parmi ces trésors, l'or sous toutes ses formes, les pierres précieuses comme les rubis et les saphirs, les perles, ainsi que le musc et la soie, sous toutes ses transformations, se distinguent. D'autres métaux et produits comme le mercure, le bronze, l'étain et le tomnaga, un métal remarquable par sa pureté et sa dureté, enrichissent encore cette liste. À cela s'ajoutent le vermillon, le salpêtre, le soufre et le sucre, augmentant la liste des exportations valorisées. Ce portrait d'une terre aux multiples ressources réaffirme le statut de la Chine comme un centre de richesse et d'innovation dans l'ancien monde, ses vêtements et son mobilier témoignant également de cette abondance à travers l'utilisation experte de la laine, du lin, de la soie et du coton.

Les manufactures chinoises, ainsi que leurs créations dorées, leurs meubles et ornements, jouissent désormais d'une renommée mondiale. Ces produits se distinguent non seulement par leur fonctionnalité mais également par leur aptitude à combler les aspirations au luxe et la quête de nouveauté, en particulier chez les femmes. Cette réputation ouvre grandement les voies du commerce international, établissant un flux constant d'échanges enrichis par l'élégance et l'innovation caractéristiques de l'artisanat chinois.

Malgré l'abondance de ressources que leur terre généreuse offre, alliée à un riche savoir-faire artisanal et à l'habileté de ses habitants à tirer profit de leur labeur, rien n'est laissé au hasard ni au gaspillage. Avec une telle profusion de trésors sous leurs yeux, ils exploitent chaque opportunité de gain, allant jusqu'à collecter les os de bœuf et les poils de porc, sans négliger les haillons trouvés dans les rues. Leur principe cardinal, assurant la pérennité de leur empire, repose sur l'idée que la richesse appartient au collectif tandis que l'individu doit rester modeste dans ses possessions. Ceux perçus comme riches ne le sont pas à l'échelle européenne, et les pauvres ne connaissent pas l'extrême dénuement observé ailleurs. Cette situation découle de la densité démographique presque infinie, rendant impossible l'enrichissement universel. La distribution inégale des richesses fait que peu s'enrichissent grandement, beaucoup modestement, et la majorité très peu, entraînant une pénurie d’argent qui se manifeste par des prix bas, des salaires minimes, des coûts de construction élevés, et des rémunérations faibles.

Ainsi les Chinois sont contents de leur sort, et ne souhaitent rien de plus, sinon que leurs affaires continuent sur le même pied, et que leur gouvernement demeure en paix. Leur gouvernement est despotique, mais non tyrannique : il est modéré, et sans cruauté. Les lois y sont très-sévères, mais la manière de les exécuter n'a rien de rigoureux ; au contraire, elle est douce et accommodante. Les magistrats ont tous les ans une visite, où ils répondent de leurs actions ; ils ont des subalternes qui les aident dans l'administration de la justice. Les jugements se prononcent en présence des parties, et sur des témoignages authentiques. Ils ont une loi, que celui qui fait tort à un autre, ou qui cause du scandale, est puni du fouet en place publique. Les voleurs sont punis de mort ; mais il y a une grande différence entre les voleurs de grand chemin et les voleurs de ville, et les punitions ne sont pas les mêmes. La religion y est libre, et les missionnaires catholiques y ont une grande liberté.

Pour preuve que l'argent est rare en Chine, il suffit de constater qu'un demi kilo de mouton ne coûte que quatre quatrins, soit environ seize deniers, et qu'un pigeonneau ne vaut pas plus de deux liards. Les domestiques ne gagnent pas plus de deux cents quatrins pour toute une année, dépenses comprises, ce qui équivaut à moins de trois livres et demie. Cependant, cette pénurie d'argent ne se fait pas sentir de la même manière partout dans le pays. Dans les régions du Sud, plus enclines au commerce, la population est plus aisée et les denrées sont plus chères. On constate même une augmentation régulière des prix, bien qu'il n'y ait encore aucune exagération.

Fin du premier chapitre.

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Carte de Chine dans l'édition anglaise. Copie datée de 1655

Table des matières :

Lire le chapitre 1 : buymeacoffee.com/Marguerite/pudinojuwi

Lire le chapitre 2 : buymeacoffee.com/Marguerite/comprendre-la-chine-moderne-avec-l-hritage-d-alvarez-semedo-chap-2

Lire le chapitre 3 : buymeacoffee.com/Marguerite/comprendre-la-chine-moderne-avec-l-hritage-d-alvarez-semedo-chap-3

Lire chapitre 4 : buymeacoffee.com/Marguerite/comprendre-la-chine-moderne-avec-l-hritage-d-alvarez-semedo-chap-4

Lire chapitre 5 : buymeacoffee.com/Marguerite/comprendre-la-chine-moderne-avec-l-hritage-d-alvarez-semedo-chap-5

Lire chapitre 6 : buymeacoffee.com/Marguerite/comprendre-la-chine-moderne-avec-l-hritage-d-alvarez-semedo-chap-6

Lire chapitre 7 : buymeacoffee.com/Marguerite/Chine_chapitre-7

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